Pourquoi partir si loin quand on a tant de beaux paysages autour de soi ?
Effectivement. Les ressources sont inépuisables pour le montagnard autour d’Annecy, et à fortiori dans les Alpes.
Mais il est devenu une tradition pour notre petite famille de construire un long voyage, une fois tous les 5 ans. Qualitatif plus que quantitif.
Un lent voyage aussi ?
Oui, nous avons décidé avec ma femme et nos deux filles de 6 et 9 ans (au départ) de suivre la trace des Vikings, qui ont découvert l’Amérique du Nord bien avant Christophe Colomb, il y a plus de 1000 ans.
Et pour être au plus proche, nous sommes partis en voilier.
Pas sur un drakkar, mais sur un bateau en aluminium efficace et adapté pour se déplacer entre les icebergs et les growlers. Solide.
Quand on parle de voilier « efficace », il faut se contenter d’une vitesse moyenne de 5 km/h !
Alors 20 000 km a 5km/h, oui, on peut parler de lenteur.
Voyage éthique ?
Nous avons essayé oui :
En utilisant seulement les conditions météo favorables : pas de vent ou vent contraire, nous restons au mouillage et en profitons pour découvrir ce que nous avons à portée de rames (ndlr : une fois le bateau à l’ancre, Nicolas et sa famille utilisent une annexe à rame pour rejoindre la terre ferme).
C’est moins rapide et nous aurions souvent pu mettre le moteur pour rejoindre une destination… mais nous nous sommes rendu compte qu’il y a généralement autant de choses à voir dans les zones perdues que dans les gros spots touristiques. Et que les rencontres y sont plus authentiques.
En partant 15 mois, sans revenu ni sponsor, nous avons vécu en mode « sobriété ». Sobriété de moyens, pas d’achats « inutiles » ; mais pas de sobriété dans les émotions ni dans les relations humaines !
En tentant de pêcher et cueillir au maximum, nous avons malgré nous bien exploité la notion de filière courte…
De mauvais souvenirs ?
Le chapitre passé composé du manuel de CE1 ;-)
De bons souvenirs ?
J’ai combien d’heures ? ;-)
Les filles ouvrant des écluses en Ecosses, à la pêche aux crabes avec 10 enfants, au sommet de grimpettes au Groenland ou le nez au vent sur la proue du bateau au dessus des dauphins, orques ou baleines.
L’accueil au Canada, Halloween à Salem dans le Massachussets aux US, les cubains.
Notre arrivée fantastique et fantomatique sur la côté Est du Groenland, de jour à 2h du matin, entre bancs de brouillard et gros glaçons, à la voile, toujours.
Nos innombrables rencontres humaines et animales, les accueils dans les ports de pêche, les paysages.
A vivre plus qu’à raconter.
Un conseil à ceux qui seraient tenté ?
Poser sur la table ses priorités et les classer.